Cependant, nos projets de voyage ont été contrariés. Moins de 24 heures avant le départ, le gouvernement ougandais a imposé une quarantaine obligatoire de deux semaines aux voyageurs allemands entrant en Ouganda. Il nous était impossible d’entreprendre le voyage.
Mais l’UNYFA ne serait pas l’UNYFA s’ils n’avaient pas modifié l’organisation de cet atelier sans plus tarder. L’équipe de deux formateurs locaux a rapidement été renforcée par une formatrice professionnelle ougandaise. L’atelier a pu avoir lieu – et a été un succès.
27 participants issus de différents domaines du secteur agricole se sont réunis : du secteur juridique, de diverses coopératives, d’ONG, de cabinets de conseil, d’hommes politiques et d’agriculteurs de différents âges. En deux jours, la situation de la transmission des exploitations a été analysée et le besoin en conseils a été identifié. En conclusion : il existe des concepts très différents de transmission d’exploitation, selon les cultures, les régions, mais aussi selon les personnes.
Par exemple, Brain Ogolo, 27 ans, a pu prendre possession de la terre de son père dans le nord de l’Ouganda. Elle était auparavant exploitée par sa tante. Il a cependant pu reprendre cette terre suite à un accord réciproque et a également reçu celle de son oncle, dont les enfants ne manifestaient aucun intérêt à l’idée de la reprendre. Ou encore le veuf Nshagano Philoena, qui a fait enregistrer l’exploitation familiale de 80 hectares en tant qu’entreprise, qui est maintenant gérée conjointement par la famille. Les responsabilités en matière de marketing, de finances et de gestion sont partagées entre les membres de la famille. De cette façon, il n’est pas nécessaire de diviser cette grande entité et la rentabilité reste assurée. Les autres participants à l’atelier sont toujours à la recherche de la solution idéale pour eux, selon Emmanuel Kyeishe, propriétaire de bétail âgé de 56 ans. Même s’il dirige l’entreprise familiale, les animaux appartiennent toujours à leur père. La famille de Kyeishe veut également faire enregistrer la ferme en tant qu’entreprise afin de trouver une solution acceptable pour tous. Et Patrick Delba Kiya, propriétaire d’une ferme spécialisée dans les fruits et les herbes aromatiques dans l’est de l’Ouganda, réfléchit à la manière dont il pourrait motiver ses enfants à reprendre la ferme par la suite. Selon lui, les plus grands problèmes sont de générer suffisamment de profits de l’agriculture et de l’attribution documentée des droits fonciers. Au cours de l’atelier, les participants ont rapidement convenu que la transmission des fermes ougandaises présentait trois grandes lacunes : avant tout, des connaissances juridiques et économiques ainsi que des compétences en matière de communication et de conflit sont nécessaires.
Nous avons suivi l’atelier avec enthousiasme depuis l’Allemagne et l’Autriche et nous avons été informés des progrès réalisés lors d’une conversation Skype en soirée après chaque journée d’atelier. Les ateliers de consultation suivants seront désormais également organisés localement et nous y participerons “uniquement” sous forme numérique. Mais nous en sommes convaincus : le Corona virus fait ressortir beaucoup de choses positives à ce stade. Malgré les milliers de kilomètres qui nous séparent, rien ne s’oppose à un échange intensif et au développement de projets communs. Grâce à leurs nombreuses années d’expérience, nos formateurs AHA soutiennent les experts ougandais des secteurs juridique, financier et de la communication partout où ils le peuvent : Comment puis-je enregistrer mon exploitation ? Comment puis-je acquérir des biens ? Qu’est-ce qui rend ma ferme rentable pour que mes enfants veuillent la reprendre et en vivre ? Et comment aborder des questions aussi sensibles dans ma famille, résoudre les conflits et créer un consensus ?
À toutes ces questions et à tous ces problèmes, il faut maintenant trouver des réponses qui accompagneront enfin l’agriculteur sur la voie de la transmission de son exploitation. Nous nous en réjouissons !